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Petite parenthèse sur la culture maori

par Anne
Nouvelle Zélande

Mettons les choses au clair, les maoris représentent environ 15% de la population néo-zélandaise. Donc la population néo-zélandaise n’est pas maori. C’est une minorité, vivant essentiellement sur l’île du nord. Alors, ne vous attendez pas à croiser des guerriers tatoués de la tête aux pieds, prêts à danser le haka en tirant la langue et roulant des yeux à chaque coin de rue, sinon, vous allez être déçu. J’ai failli l’être, je sais de quoi je parle.

Non seulement la culture maori est l’apanage d’un tout petit nombre, mais il y a un vrai débat sur la question. Il y a ceux qui disent qu’elle est comparable à la culture gauloise chez nous, une culture ancestrale sur laquelle la société néo-zélandaise repose, et qui s’est dissoute dans la société actuelle comme une juste évolution du cours des choses. Les maoris, s’ils ont été les premiers habitants de l’île, se sont faits absorbés au cours des siècles dans le paysage néo-zélandais lors de la colonisation par les européens. On leur a demandé de laisser tomber leur langue, leurs dieux, leurs coutumes. Disons qu’à l’époque, c’est comme ça que ça se passait un peu partout, ici comme ailleurs, les colons arrivaient, dictaient leur loi et basta. C’est aujourd’hui le mélange des cultures maori et européenne qui façonne l’identité de la Nouvelle-Zélande. Alors, oui, en cela, la culture maori est une culture ancestrale, orale, faite de croyances dépassées et de légendes obscures destinée à tomber dans l’oubli comme la culture gauloise. Car à ce que je sache, peu de gens en France connaissent le nom des dieux gaulois et se racontent encore les légendes de nos ancêtres le soir au coin du feu. On trouve peu de repères gaulois dans notre quotidien français actuel, alors pourquoi en serait-il autrement pour la culture maori ?

Mais il faut aussi évoquer le temps où les néo-zélandais, en mal d’identité propre, ont pillé la culture maori. Ceux-ci  se sont laissés faire tant que l’appropriation des gestes et rituels se faisaient dans le respect de leurs croyances, ce qui était loin d’être le cas, on s’en doute. C’est ainsi que la danse du haka, au départ une des sortes de danse maori, la plus guerrière, s’est transformée en symbole de l’équipe des All Blacks. Allez chercher le rapport avec le ballon ovale, sans vouloir offenser les amoureux de ce sport. Et puis le tourisme, lui aussi, a misé sur la carte maori pour développer une identité forte alors que l’essor touristique reposait jusque là essentiellement sur la nature. D’un coup, la culture maori, annihilée, répudié, réduite à néant, s’est vue propulsée au firmament de la société néo-zélandaise, acclamée internationalement dans les stades de rugby. Au fond, la Nouvelle-Zélande s’approprie la culture de ses premiers ancêtres, juste retour des choses. Mais sans reconnaitre qu’elle n’est pas forcément légitime dans ce rôle de porte-parole. De quoi agacer plus d’un maori pure souche, avouons-le.

Depuis les années 60, on assiste à un regain de la présence de l’identité maori en tant que telle. L’activisme politique du peuple autochtone éveille les consciences et force le gouvernement  à prendre en compte tout un peuple spolié de son territoire et de son droit élémentaire à la reconnaissance de sa culture. La langue maori est déclarée langue officielle en Nouvelle-Zélandeen 1987 et est de nouveau enseignée à l’école. Il y a des chaines de télé en langue autochtone et les maoris sont, à ce qu’il paraît, de redoutables businessmen.

Aujourd’hui, il semble que les maoris affirment plus fortement leur appartenance culturelle, exigent qu’elle soit respectée et non transformée artificiellement en symbole identitaire , et on peut espérer que celle-ci va se manifester de plus en plus et sortir des guettos touristiques pour s’afficher au grand jour, plus sincère et plus vraie que nature. Et la nature en Nouvelle-Zélande, c’est sacré !



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