Par hasard, nous nous retrouvons dans une petite ville ravissante, Kurashiki. Par hasard, nous déambulons dans ses rues jolies aux façades anciennes. Par hasard, nous passons devant une devanture dont le nom m’interpelle. Elle s’appelle « Félicité ». Je tombe sous le charme de la vitrine de cette petite boutique claire et invitante. Une jolie boutique d’antiquités comme je les aime. J’y suis accueillie par une vieille dame charmante, élégante et souriante qui s’exprime dans un français limité mais très correct. Je lorgne rapidement, parmi ses trésors, sur une petite théière toute mignonne, pas antique mais véritable, en fonte. Avant de me décider, j’entre un peu plus avant dans le magasin, et découvre qu’il fait également office de café. Et dans ce petit café blanc accolé à la boutique d’antiquités, le gendre de la propriétaire, un français élégant, dispense un cours de langue à trois dames d’un certain âge, qui se retournent à mon arrivée et me lancent un « bonjour » enthousiaste et ravi. C’est à ce moment-là que je sais, je vais craquer pour la théière.
Parce que la boutique est belle, parce que la propriétaire est si paisible et gracieuse, parce que le bonjour enjoué des vieilles dames résonne encore à mes oreilles, que leur enthousiasme contagieux m’a pris de court, parce que la boutique s’appelle Félicité du nom de la fille de Camille qui aime tant le Japon, parce que je m’imagine déjà préparer un thé dans une théière qui m’évoquera tous ces sentiments, et que je sais d’avance qu’ils donneront à ces gorgées de thé un goût unique et inimitable.