(du 2 au 26 novembre 2015)
Tahiti – Toute cette côte !
Nous y voilà. Nous venons d’arriver en Polynésie Française. Nous venons de mettre le pied sur Tahiti. C’est bien sûr une étape très attendue de notre voyage. L’exotisme à son paroxysme. Le dépaysement des tropiques. Le décor carte postale, façon photo murale des années 80. On y est !
Collier de fleurs odorant autour du coup, il est 01:30 du matin, on réalise à moitié, on verra mieux demain ! La famille Tong-y en Polynésie, c’est parti !
Notre séjour nous emmène d’île en île dans l’archipel de la Société, Tahiti et Moorea tout d’abord, îles du vent, puis Raiatea et Taha’a, pour finir avec Huahine, îles sous le vent. 4 à 5 jours pour chacune, ça paraît beaucoup, mais ce n’est pas grand chose, tant les activités sont nombreuses : balades à pied, visites culturelles, tour de l’île, excursions en mer, snorkeling, plongée, kayak, baignade, découverte du lagon, du récif, des atolls et îles alentour…et la principale activité : vivre tranquille. On prend vite le pli au niveau du rythme, une seule activité par jour. Après, c’est trop de bonheur d’un coup !
Tahiti nous désoriente. D’abord, on y parle français et ca fait 3 mois que nous n’avions plus entendu parler français autour de nous. L’île volcanique jongle entre le sombre de la terre et le vert de la végétation. Et puis, s’il fait chaud, et il fait chaud même sans soleil, une chaleur qui nous surprend et nous écrase le dos, il pleut aussi, le ciel est plombé, gris de Paris. Les supermarchés aux enseignes bien françaises se succèdent, Carrefour, Super U, Champion… On y trouve plus de denrées françaises qu’à Stockholm ! Papeete, notre première halte, est une grosse ville anarchique, à l’étroit, coincée entre le port et la montagne. A part quelques bâtiments authentiques, la mairie, la cathédrale Notre Dame et la halle du marché, c’est une ville en béton aux façades ternes et usées.
Quand on fait le tour de l’île, on fait beaucoup de route, on tourne autour des reliefs du Mont Orohena, et tout le cœur de l’île, dressé haut dans le ciel, comme sur la plupart des îles volcaniques hautes, est recouvert de végétation abondante et profonde. On passe par l’est à la pointe Vénus avec son joli phare, le trou du souffleur, et à l’ouest, la grotte Maraa et le musée de Tahiti et des îles. On avale les PK, les kilomètres. On quitte Tahiti Nui, pour la presqu’ile, Tahiti Iti. On débarque sur les plages de sable noir, les plages de sable blanc. Sur le rivage reposent les pirogues à balanciers, fines comme des libellules. Au loin, on aperçoit dans le lagon l’ombre bleutée de Moorea. Quand la journée étire ses dernières heures de clarté, le soleil vole le bleu de l’océan dans un ciel chargé et plonge derrière l’horizon en escamotant les couleurs.
Une chose est sûre. L’océan est bien là, autour de nous, dans le port, sur les plages de sable, à gauche, à droite, à bâbord, à tribord. Bleu lagon, bleu atoll, bleu turquoise, bleu outre-mer. A l’est, à l’ouest, au sud, au nord. A nos pieds mais aussi au dessus de nos têtes. Le bleu de l’océan pacifique. Tout ce bleu, ça enivre.
Nous sommes au paradis et nous nous acclimatons.
Moorea – Tout ce turquoise !
Deuxième étape après 10 minutes de vol et un peu de route : nous voilà à la pointe sud de Moorea, à Haapiti. Un bleu limpide s’étale à portée de main et on met les pieds dedans. Au loin, le récif arrête l’océan qui gronde en roulant son écume blanche. Dans la journée, le soleil brûle et nous évitons les heures les plus chaudes durant lesquelles il y a école, ou alors on remédie à nos envies de sucré avec des gâteaux faits maison, les premiers en 4 mois, parfumés à la mandarine ou à l’ananas. On se méfie du soleil qui chauffe nos peaux blêmes. On reste au frais dans l’ombre des auvents ou sous les cocotiers, le regard baguenaudant sur l’horizon. Quand la mer est juste en face de vous à longueur de journée, avec ses reflets irisés et ses déclinaisons de bleu infinies, on n’a plus trop envie de faire autre chose que de discuter avec elle en silence.
Mais dès que le soleil s’estompe, on saute volontiers dans les kayaks pour aller d’une bouée à une autre dans des courses effrénées qui font hurler de joie les enfants. Anatole se prend de passion pour la rame et veut naviguer seulement au dessus des « eaux turquoises »… On se balade de bouée en bouée, on barbote dans les eaux peu profondes, on regarde la mer s’enfuir vers le large, le récif moutonner, on entend les vagues frapper au loin. On s’apaise. La plage est étroite mais bien suffisante pour y aménager de belles maisons et châteaux de sable et sauter à la marelle au soleil couchant. On y écrit son nom à l’aide d’un bout de corail, et on ramasse les plus beaux coquillages. Et puis le soleil s’écroule dans la mer, épuisé d’avoir tant chauffé, en laissant dans le ciel un peu de clair obscur pour commencer la soirée.
Moorea est également une île volcanique haute, couverte de végétation et de champs d’ananas, avec de fabuleux paysages découpés au scalpel. Lorsque l’on prend de la hauteur depuis le belvédère, on observe la découpe franche de la baie d’Opunohu et de celle de de Cook séparées par le mont Rotui. Nous faisons le tour de l’île sous une pluie torrentielle, ils n’avaient pas vu ca depuis longtemps, ici ! Ca donne à l’île un côté mystérieux, un peu île du trésor, les paysages en sont transcendés.
Sur Moorea, c’est aussi le temps des copains. Nous nous baladons avec la famille Buu que nous avons rencontrée à l’île de Pâques. Nous essayons d’atteindre le col des 3 cocotiers mais nous serons stoppés net par la pluie et trempés jusqu’à la moelle, malgré nos parapluies improvisés en feuilles d’arbres immenses et vernissées. Le lendemain, alors que le soleil est largement revenu, nous bullons ensemble sur la plage des Tipaniers jusqu’à ce que nous décidions de louer des kayaks pour aller nager avec des raies larges d’un mètre et des requins à pointe noire, de l’autre côté du chenal. On a beau savoir que c’est le spot pour ça, ça reste très impressionnant ! Caresser une raie pastenague comme si c’était un petit chien, voilà qui sort de l’ordinaire ! Les enfants sont comme des fous et je ne parle pas uniquement des enfants de moins de 18 ans, pataugeant avec délice le nez dans le masque et les fesses au ras de l’eau…
Nous passons aussi un après-midi familial avec les Sans-bornes que nous avons croisé à Papeete dans leur belle maison qu’ils louent en famille, face à une jolie plage coquette un peu plus à l’ouest. Lorsqu’on prend les kayaks et qu’on fait face au rivage, le découpage en aiguilles de l’île au dessus de la maison est à tomber par-dessus bord !
Nous sommes au paradis et nous nous y faisons très bien.
Raiatea et Taha’a – Tous ces petits poissons !
Encore un petit saut de puce inter-îles – ici on prend l’avion comme d’autres prennent le RER, l’océan en plus – et nous voici sur la belle Raiatea en 45 minutes de vol. De nouveau logés face à la mer à 5 kms de la ville principale d’Uturoa, dans une immense cocoteraie remplie de chants d’oiseaux. On n’a plus de plage pour barboter, mais un ponton de bois blanchi nous mène directement dans l’eau du lagon où nous attendent la multitude de poissons multicolores : poissons perroquets, poissons clowns, poissons cochers, demoiselles néon, tous sont au rendez vous tous les jours lorsque nous sautons à l’eau. Anatole commence à snorkeler sans les brassards, et Lucie suit Fabrice en plongeant sous l’eau pour aller voir tout ça de plus près, en osmose. Et tous les soirs, ici encore, nous sommes au spectacle lorsque le soleil tombe dans la mer dans des dégradés de rouge, de rose et de violet. Et quand le ciel s’obscurcit en se chargeant de nuages lourds, c’est comme si il voulait contraster avec le bleu luminescent de la mer.
Nous faisons ici encore le tour de l’île en passant de baie en baie. Raiatea est chargée d’histoire et de vestiges, les marae, lieux de culte sacrés et ancestraux, d’à pics, de pains de sucre, de baies étroites et verdoyantes, profondes comme des entailles. C’est la plus haute des îles que nous visitons, son sommet, le mont Tefatua mesure 1017m. Depuis la route, le pic semble vouloir enrouler les nuages autour de lui. Sur la seule plage de sable, nous essayons d’enlacer les banians, ces grands arbres aux racines aériennes qui s’entrenouent lascivement. Nous admirons avec les Buu depuis le mont Tapioi qui surplombe Uturoa la vue époustouflante sur le récif, Taha’a et le lagon parsemé de motus, ces petits îlots bordés de blanc, avec Bora Bora qui se profile au loin dans la brume.
Nous partons en bateau pour une super excursion avec Teva et Flo, à la découverte de la ferme perlière de Tahi perles et de la vanilleraie de Brian sur Taha’a. Nous effectuons une plongée phénoménale dans les eaux cristallines du jardin de corail situé près du motu Tau Tau dans lequel, portés par le courant, nous n’avons qu’à nous laisser porter et admirer les innombrables poissons et les coraux qui nous entourent. Teva nous parle de sa mer, de son île, nous présente le poisson pierre et le 7 doigts. Nous déjeunons copieusement sur la plage de Norbert et Annette de poisson cru au lait de coco et autres mets délicieux, et Flo nous parle de Brel, le bienfaiteur, encore adulé aux Marquises mais pas de Gauguin, un ivrogne vicelard qu’on n’aime pas beaucoup par ici. Et même si au retour, on a droit à la panne moteur, au treuillage et réparation express de l’hélice, cette journée parfaite se clôture par des retrouvailles mémorables avec Olivier et Karine, mes copains perdus de vue depuis 12 ans, qui nous réservent un accueil de rois dans leur maison, un bel hôtel colonial, avec couronne et colliers de fleurs, du champagne qui coule à flots et beaucoup d’émotion.
On est au paradis et on n’a plus envie de partir…
Huahine – Tout ce calme !
Nous devons déjà nous séparer des Le Maux et aussi des Buu qui quittent la Polynésie. C’est le temps des au-revoirs… Nous continuons notre route, c’est le lot de tout routard.
Encore un petit survol sur l’océan, et nous arrivons à Huahiné, en à peine 15 minutes de vol. Petite et discrète, Huahiné est également riche en histoire que nous découvrons lors de notre tour de l’île. Nous visitons les principaux marae, nous passons devant les pièges à poissons ancestraux, les maisons sur pilotis, les anguilles sacrées aux yeux bleus, et de jolies plages de sable blanc, autant de jolies étapes qui jalonnent notre escapade. Nous nous arrêtons également admirer les artistes à l’œuvre, qui jettent sur le voile de coton des paréos les couleurs des tiare de l’île.
Nous découvrons enfin le repas traditionnel, le maa tahiti, ou les aliments préparés très tôt le matin et assaisonnés de lait de coco, enroulés dans des feuilles de bananiers sont mis à cuire sous la terre, dans un grand panier que l’on enterre, puis que l’on recouvre de sacs de toile, d’une plaque de tôle et de sable. Les aliments cuisent 5 à 6 heures, et on les retire ensuite du four polynésien pour les dresser sur un grand buffet. Il y a le poisson, le poulet et le porc, le taro et l’igname, la patate douce, le fei (banane plantain) et le poe, un dessert gélatineux à la banane ou à la papaye et arrosé de lait de coco parfumé. C’est une cuisine douce et légèrement sucrée, discrètement parfumée par la cuisson à l’étouffée dans la feuille de bananier. Chez Tara, c’est monsieur qui s’occupe du four, et madame qui ouvre le bal, avec remise du collier de fleurs et service dans l’assiette. Un trio joue « il était un petit navire » à la mode polynésienne, harmonie du ukulélé et voix douces. La clientèle locale et bon enfant passe un dimanche en famille ou entre amis. Au milieu d’eux, on se sent polynésien en savourant notre plat et la quiétude du moment.
Pour notre dernière journée, nous manquons de chance puisque nous ne pouvons partir en mer pour une excursion au jardin de corail en raison du vent et de la houle trop forte. Nous nous consolons en refaisant un petit tour sur l’ile, à 30 km heure, on n’a pas trop de but, puis avec une longue baignade sur la plage de Fare. Nous en sommes à notre X-ème coucher de soleil, notre X-ème sculpture de sable, notre X-ème trempette de pieds, notre X-ème balade avec les poissons, notre X-ème sieste sur la plage… Mais peut on seulement se lasser de tout cela ?
Il nous reste deux jours à Papeete. C’est l’heure des dernières baignades, des dernières emplettes, Paréos fleuris, monoï parfumé, et perles noires de Tahiti. Pour partir d’ici avec les yeux plein de fleurs, le nez chargé de leur senteur, et la mer en pendentif autour du cou. Pour essayer d’emporter avec nous un peu de ce paradis.