On se demande si c’est vrai, cette histoire de coutume, cela paraît tellement hors du temps, vieillot, dépassé. Quand on commence à chercher le manou, ce lai de tissu, on se dit que si on a du mal à en trouver, c’est que ça ne se fait pas vraiment. Tout ça, c’est pour les touristes, c’est une vieille pratique, gardée pour le folklore. Pourtant dans le doute, on insiste un petit peu. Et voilà qu’on trouve un manou au supermarché, entre le rayon fruits et légumes et la quincaillerie. Ça se corse, il semble que ce soit donc véridique, cette histoire ! Alors, on fait comme on nous dit : le manou, un fruit, et un paquet de cigarettes, et hop l’affaire est dans le sac !
C’est en arrivant chez notre hôte que le doute nous reprend. Et si c’était une blague, franchement, l’air bête… On est gênés, embarrassés, avec notre paquet sur les bras… Avec un sourire tout timide, tout humble, voici que nous nous avançons vers nos hôtes pour faire la coutume. On préfère les informer tout de suite, nous, on ne sait pas faire ! En France, quand on arrive chez quelqu’un, on a un bouquet de fleurs ou une bouteille de vin, on donne ça vite fait bien fait, merci merci et voilà ! Alors qu’ici, on sent bien qu’un rituel va prendre place. Avec déférence, on tend la coutume au chef de clan qui se tient debout, bien droit, c’est comme un geste officiel, cérémonieux. Et le moment devient encore plus solennel, lorsque, prenant la parole, avec des mots choisis, il accepte publiquement notre offrande.
On est bien contents d’avoir fait la coutume à notre arrivée à Tendo. La coutume est un tout petit geste qui en dit long, emprunt d’humanité et de considération. Alors c’est chouette que ce geste se perpétue, parce que si désuet soit-il, la signification profonde de cette offrande nous parle de respect mutuel et de l’acceptation de l’autre en tant que personne, au-delà des différences de clan, de culture, d’univers. On ne peut pas mieux dire !