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Une question de karma

par Anne
Karma

Dans quelques jours, nous n’habiterons plus notre maison de Stockholm, « là-haut sur la colline ». Dans quelques jours, nous n’aurons plus le choix, il faudra bien qu’on le fasse, ce tour du monde !

Car nous venons de signer pour la location de la maison, de juillet 2015 à juillet 2016, à un jeune couple charmant. Pendant un an, notre chez-nous deviendra leur chez-eux. Ils prendront notre place à table, sur le canapé et sous la douche. Ils feront comme bon leur semble, laisseront des trucs traîner partout, allumeront toutes les lumières en même temps, mettront le chauffage et la musique à fond, feront plein de miettes en mangeant devant la télé et ne refermeront jamais leur porte, même pour faire pipi. De toute manière, on ne sera pas là, et c’est très bien comme ca. Ce sera leur maison, c’est écrit noir sur blanc sur le contrat.

La recherche du locataire idéal s’est avérée déjà en soi une aventure sans ménagement pour nos petits nerfs fragiles. En cause principale de stress, les journées que l’on égrène et qui amenuisent tous les jours un peu plus les chances de trouver l’heureux locataire. Mais surtout, loin d’être de tout repos, la rencontre avec nos candidats, véritable casting digne d’une émission de téléréalité, nous a réservé bien des surprises.

Que ce soit l’adorable famille avec leurs cinq têtes blondes turbulentes qui, lors de la visite, sont déjà pendus aux rideaux et huchés sur le vénérable piano antique, debout les pieds pleins de feuilles de fraisiers qu’ils ont allègrement piétiné au passage ; les sept étudiants en art qui, on peut le lire dans leurs yeux, ont bien envie de revoir toute la déco intérieure à coups de graffitis, surtout dans la cuisine, tout ce blanc, c’est déprimant ; les petites étudiantes, filière danse, mignonnes comme tout mais un rien naïves, qui demandent si un jardin, ca demande beaucoup d’entretien, si les vitres, ca se nettoie, et qui deviennent hystériques à la vue du trampoline, clou de leur future installation, elles s’y voient déjà ; et puis les nouveaux arrivants direct importés de France qui, ayant le choix, optent pour la seconde solution, la maison carte postale de Lidingö, rouge de Falún et pieds dans l’eau, du haut de notre colline, on ne peut pas lutter ; et aussi la coloc des cinq jeunes bien sympas qui commencent leur vie d’adulte en s’accrochant encore un peu à leurs rêves, en quête de la maison du bonheur pour leur communauté, mais le bonheur n’est pas en banlieue visiblement, la délibération se concluant par un vote défavorable ; et enfin, alors que l’on n’y croyait plus, ce petit couple, bien sous tous rapports, qui va s’installer dans notre 8 pièces-cuisine (on vous laisse le baby phone pour communiquer entre vous ?), et qui, on l’espère, prendra grand soin de notre humble demeure pendant notre absence.

Ces rencontres nous ont demandé d’ouvrir la porte de notre maison autant que celle de notre esprit. Il nous a fallu faire fi de nos aprioris, revoir nos attentes, et modifier notre vision de ce qui nous semblait être le « locataire idéal » (mais quand même sept étudiants, ca fait beaucoup). En fait, il nous a fallu commencer à donner. Un autre regard, une petite chance, une vie.

Voyager, c’est laisser derrière soi tout ce qui nous retient, nous freine, nous bloque. C’est aussi aller puiser au fond de soi des ressources enfouies, souvent ternies et ensommeillées, pour accepter ce qui vient, comme ça vient, et cela commence, je crois, par de la bienveillance, une certaine forme de générosité et une bonne dose d’optimisme.

Tout ça, avec le sourire, s’il vous plaît. C’est bon pour notre karma !



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