Le souffle court, le mal de crâne, le moral en berne… On les sent les 4000 mètres et plus (record à 4995 mètres !) ! Ici, on appelle ca le soroche, le mal des hauteurs.
Et elles pèsent les hauteurs, surtout les nuits !
D’abord, on se les caille sévère, on a beau être sous le soleil, on est montés bigrement haut et l’altitude fait chuter les températures, c’est la loi de la nature, c’est bien connu. Malgré toutes mes réticences, le bonnet péruvien et les moufles ont fait leur apparition dans notre garde-robe. Tiens, il me semblait n’avoir pris que des maillots de bain, moi… J’ai dû mal comprendre…
Puisqu’il fait froid et que le radiateur électrique est « en maintenance » (allez savoir…), il faut dormir sous les 5 couvertures en alpaca que l’hôtel a gentiment fourni, merci merci, des couvertures de 2 kilos chacune, c’est loin du concept douillet et aérien de la couette en duvet d’oie. On se sent comme coulé dans du béton, incapable de bouger du lit, de toute manière, essayer de sortir un bras revient à le mettre dans un congélateur, alors autant ne pas tenter le coup et rester bien sage, coucouche panier, papattes croisées.
Après le froid, il y a l’air ultra sec des montagnes. On est totalement déshydraté, tout sec de l’intérieur, ca doit pas être beau à voir, au point de se réveiller en pleine nuit avec la gorge passée au papier de verre, un vraie râpe à fromage, on pourrait croquer une carotte et la débiter directement en rondelles, façon mandoline.
Et puis il y a la peau qui tire et qui s’émiette et qui ressemble à du crumble, et le duvet en pilou-pilou polaire n’arrange rien, quand on se couche on fait même des étincelles, feux de Bengale dans la nuit froide. Soyons honnêtes, c’est certes très joli mais pas super plaisant comme sensation.
Et surtout, il y a le manque d’air. On se réveille en sursaut, l’œil hagard, en panique, le souffle court, haletant, imitant parfaitement la respiration du petit chien. On a les poumons écrasés, et les couvertures n’y sont pour rien, on peut vérifier, c’est juste qu’ils sont réduits à la taille de deux coquilles de noix, pas facile de respirer amplement dans ce cas-là, aux oubliettes méditation transcendantale et respiration ventrale. Moi je dis, ces mecs-là, ils ne sont jamais venus dormir a 4900 mètres.
Alors oui, on se prend à rêver à des altitudes 0, voire négatives, oui oui, pourquoi pas sous l’eau, tiens, quitte à faire de l’apnée, autant que cela se fasse dans le bon milieu naturel, non ?
Et puis, les poissons multicolores, si on les compte, peut-être c’est comme les moutons, ça aide bien pour se rendormir paisiblement…