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Mange-moi

par Anne

La Paz. Je me laisse manger par cette ville titanesque. Du haut du téléférique, c’est une ville impressionnante à observer, mais dès qu’on se retrouve les pieds sur la terre ferme, dans son entrelacs assourdissant de rues, ses dédales d’avenues bruyantes, sa vie trépidante et agitée, j’étouffe, je suffoque, je m’asphyxie. Je n’ai pas les repères suffisants pour survivre dans cette jungle urbaine, au milieu de ses débords, et ça m’oppresse. Le choc des mondes qui s’y produit est trop intense et je vis depuis trop longtemps dans une Europe policée pour pouvoir m’y faire en seulement quelques jours.

Néanmoins, cette ville me fascine. Peut-être parce que La Paz aspire à une modernité si loin de tous les codes boliviens que je me demande comment elle peut l’atteindre, la faire sienne. Quand on emprunte la rue des étals du marché aux sorcières, on ne peut que douter. Peut-être aussi parce que sa jeunesse et son caractère trépidant démontrent qu’elle est capable de tout, lui donnent tous les droits, ou plutôt tous les possibles, qu’elle semble vouloir saisir avec enthousiasme. Dans le quartier de Copocachi, les vieilles bâtisses magnifiques attendent qu’on veuille bien prendre soin d’elles comme de vieilles dames dignes, alors qu’à côté d’elles, on construit des tours de verre et de béton.

Mais La Paz me fascine peut-être surtout parce que, tout comme la route qui grimpe tout droit pour rejoindre l’aéroport à plus de 4000 mètres, elle possède cette fougue inconsidérée qui la fait dépasser ses propres limites, elle nous élève toujours plus haut dans sa beauté insolite de briques, dans son enchevêtrement de vie et d’activité, le long de ses rues et de ses escaliers tendus à la verticale, défiant la gravité, au delà du raisonnable, jusqu’à en crever le ciel.



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