En nous emmenant sur Champasak, M. Poh récupère un petit échantillon de parfum. Visiblement, il ne sait pas ce que c’est et me demande comment on s’en sert. C’est un parfum Lolita Lempika féminin et capiteux. Je lui montre comment on débouche le petit flacon et comment on en verse quelques gouttes sur à la base du cou. Il reprend le flacon et tout content, s’en arrose allègrement. Un peu interloquée, je lui précise que c’est un parfum pour femme. Loin de s’en offusquer, il rit de bon coeur de son erreur et nous raconte que cela lui rappelle le temps où il était célibataire (il s’est marié tard nous dit-il) et où les filles l’appelaient alors « Lady boy », en référence à ces travestis dont l’allure efféminée atteint parfois un degré ultime de perfection. L’Asie affiche une belle tolérance à ce sujet. Et comme tout le monde ici s’en contrefiche, il n’y a que nous qui sommes, curieux comme des chats, en proie au doute. Le serveur-se du café ? La coiffeuse-eur d’Anatole ? Lady ? Boy ?… Lady boy !