Voyager avec ses enfants. Voyager avec leurs yeux, grands ouverts. Découvrir. S’émerveiller. Répondre à leurs questions. Celles qu’on avait prévues, et puis toutes celles qu’ils nous envoient en rafale, sur tout et rien, curiosité sans fin.
Affronter les dangers. Un volcan qui se réveille, un pays ravagé par un tsunami, un orage. Les rassurer sur leurs doutes. Avoir peur avec eux. Voyager avec leurs pieds. Ralentir le rythme. Se rendre compte qu’en marchant moins vite, on voit plus de choses, on a plus de temps.
Dormir avec ses enfants. Se coucher tôt pour les veiller. S’endormir avant eux.
Rencontrer les autres avec ses enfants. Rencontrer d’autres enfants. Passer des après midis à discuter avec leurs parents. Profiter des rencontres. Être ami en un claquement de doigts. Les enfants avec les enfants, les parents avec les parents, ou l’inverse.
Parler avec ses enfants. Parler plus vite qu’eux. Essayer de finir sa phrase sans être interrompu et sans perdre le fil de la conversation. Les rappeler à l’ordre. La politesse, la distinction, la discrétion. Secrètement approuver quand ils dépassent le cadre, leur liberté nous donnant des ailes, à nous aussi.
Manger avec ses enfants. Manger sans gourmandise. Manger quand on a faim. Découvrir le goût de la crevette, aimer. Du dragon fruit. Aimer. Celui du laap. Aimer. Rêver de baguette fraiche et de fromage qui pue. Se resservir en nouilles froides et pleines d’eau, parce qu’au final, elles ne sont pas si mauvaises.
Regarder ses enfants jouer. Dans un avion, dans un bus, sur un bateau. Avec un caillou, avec un bout de bois. Ou avec leurs doigts. Espionner leurs récits qui parlent de samouraïs voyageant en bangka vers le Machu Picchu au temps des dinosaures. Se réjouir de leur imagination qui n’a plus de frontières.
Marcher avec ses enfants. Les pousser, les encourager, les entraîner. Secrètement les remercier de ne pas courir comme des dératés sous 45 degrés.
Apprécier avec ses enfants. Une halte, un paysage, un coucher de soleil. Leur montrer ce qui est beau et leur laisser le choix d’aimer ou pas. Admirer la simplicité et la beauté au détour d’endroits improbables. Se laisser surprendre par leur propre sens de l’esthétique.
Éprouver sa patience avec ses enfants. Attendre avec eux un bus, un avion, l’heure du repas. Les attendre, aussi souvent.
Voyager avec ses enfants. Etre voyageur de sa propre vie, avec pour compagnons de route, les êtres auxquels on tient le plus.