Lorsque l’on part en balade à scooter, chacun des parents prend un des enfants avec lui. En général, Anatole s’assoit devant, entre les jambes du conducteur et le guidon. Lucie, elle, s’installe sur le siège à l’arrière. Et nous filons sur les routes.
A ce sentiment de liberté de rouler à sa guise sur les petites routes de Siquijor aux Philippines, de Vang Vieng au Laos ou de Battambang au Cambodge s’ajoute celui, plus intime, d’être l’auditrice indiscrète des monologues secrets de mes enfants. Couverts par la pétarade du scooter, alors qu’ils ne se doutent pas un seul instant que je les écoute se raconter des histoires, je peux entendre, indistincte, la petite voix flûtée d’Anatole perdu dans son songe éveillé, je peux discerner le chant léger lancé au vent de Lucie. Je ne saisis que quelques bribes des récits et chansons qu’ils s’inventent. Les savoir perdus dans leur monde imaginaire me réjouit car j’y reconnais là la faculté, étant enfant, de se perdre avec délice dans un univers secret, riche et infini. J’aime cette écoute passive et involontaire. Je ne cherche pas à en savoir plus.
Et je souris, à cheval sur mon scooter, cheveux au vent et le cœur radieux bercée par les contes de mes enfants.