Quand je les regarde, ces deux-là, qui passent des heures entières dans des jeux sans fins, perdus dans des conversations interminables où des princesses incas se marient avec des chefs de police ou des animaux (maman, aujourd’hui, je suis un condor !), dessiner pendant des heures sur un cahier calé tant bien que mal sur un siège en plastique et le corps au-dessus comme en suspension, ramasser cailloux, bâtons, herbes ou dieu seul sait ce qu’on peut bien trouver à ramasser, chanter à tue tête « mon poisson rouge ayant appris », se remémorer les fabuleuses découvertes des dernières escales, je me demande ce qu’ils garderont de ce périple.
Que leur restera t-il de leurs courses folles le long de couloirs d’hôtels interminables, de leurs jeux le long des plages, leurs pas cahotant sur le sol en terre battue de villages improbables, leurs rires perlant dans ces écrins du bout du monde, cavalant après un ara multicolore ou un colibri vibrant, pataugeant dans n’importe quelle eau, douce, salée ou saumure, explorant des jardins odorants et touffus, se cachant derrière des massifs de bougainvillées resplendissants, goûtant le voyage comme un jeu, une distraction, chaque jour nouveau.
J’espère qu’ils garderont un peu de cette enfance colorée au fond de leur cœur, une petite étincelle de bonheur qu’ils sauront raviver, plus grands, comme un trésor aussi précieux que les coquillages aujourd’hui ramassés sur la plage.
Le trésor d’une sœur et d’un frère qui écrivent leur histoire en lettres d’enfance.