Une contorsionniste Araignée, un funambule en équilibre, des jongleurs agiles lançant diabolos, chapeaux ou ombrelles, des acrobates musclés, une pyramide humaine à vélo… Le corps tordu prêt à se rompre, en apesanteur, à la limite de la chute, d’une souplesse inhumaine, défiant les lois de la gravité, révulsant, saisissant. L’assistance sidérée pousse de longs « Oh » et des « Ah » et applaudit, ravie. Les gamins captivés ne décollent pas les yeux de la scène. Ils regardent, incrédules, ces exploits corporels qui fascinent petits et grands. A la fin du spectacle, encore hypnotisés par leur émerveillement, on les entend crier, enthousiastes, portant en eux cette détermination naïve « Moi aussi, je peux le faire ! ». Ils s’entraîneront à peine rentrés chez eux, sur le tapis du salon, et tenteront des figures incroyables. Les artistes agiles peuvent être fiers d’eux, ils ont bien réussi leur coup. C’est vrai que ça a l’air si simple ! Ils sourient, lisses et factices, face aux projecteurs, un rien goguenards, désenchantés.
C’est un peu comme dans la vraie vie, pas vrai ? La facilité de leurs prouesses est illusoire, personne n’est dupe, à part les enfants et ceux qui croient encore aux prodiges.