Parce qu’on n’a pas les sous, parce qu’on n’a pas d’autre choix, parce que c’est plus simple, le voyage en famille, c’est dormir un paquet de fois à quatre dans 10m2.
C’est souvent un lit double et deux lits simples. C’est parfois quatre lits simples, c’est parfois deux lits doubles, Heureusement que le lit à 4 places ne nous a jamais été proposé !
Vient alors le choix du lit ou du côté du lit, conciliabule qui peut durer des heures entre les deux zozos.
C’est deux enfants dans le même lit, c’est des corps emmêlés, les pieds de l’un sur la tête de l’autre.
C’est des négociations de morceaux de couverture, des tracés de ligne médiane imaginaire à ne pas dépasser, des coups de pied en douce.
C’est des fous-rires d’enfants sensés s’endormir, des jérémiades, des chuchotements ensommeillés.
C’est des questions métaphysiques surgies de nulle part, qui prennent les adultes de court.
C’est parfois des peurs incontrôlables.
C’est des parents, attendant que les respirations soient enfin régulières, pour pouvoir poursuivre la conversation, à moins qu’ils s’endorment finalement, eux les premiers.
Ca arrive aussi que ce soit des enfants écrasés de fatigue, endormis la tête à peine posée sur l’oreiller, déjà partis chevaucher leurs rêves.
C’est une activité nocturne insoupçonnée, Lucie qui grinçe des dents, Anatole qui gémit, parle et tournicote comme un ver coupé.
C’est tous les deux en ronflements synchronisés.
C’est des origami plein les draps quand ce n’est pas du sable, des crayons ou des chaussettes sales…
C’est des réveils simultanés ou en différé, plus ou moins faciles, plus ou moins sympas.
C’est la promiscuité, l’intimité inexistante, la pudeur naissante d’une petite fille ou l’impudeur d’un petit gars tout nu.
C’est des odeurs corporelles, rarement aussi innocentes que leurs propriétaires, parfois à la limite du tolérable.
C’est la complicité, la connivence, les messes basses et les regards en coin, sous l’œil complice de parents qui les regardent grandir.