Après notre retour de tour de monde, nous avons été contacté par une autre famille de voyageurs pour répondre à ce petit questionnaire. Nos réponses ont été publiées en septembre sur le blog de mafamillevoyage.fr.
– Peux-tu me présenter ta famille : prénom et âge des enfants et des parents
Fabrice et Anne, et les enfants Lucie et Anatole.
Les Echappés du bocal… C’est le nom de notre blog et c’est aussi notre famille : Papa dauphin, 42 ans, graphic designer, Maman sirène, 43 ans, ancienne organisatrice d’événements et bloggeuse reconvertie, et les petits Némo : Lucie 9 ans et Anatole 6 ans, en échappée belle pendant un an.
– Quand êtes-vous partis ?
Du 20 juillet 2015 au 13 juillet 2016.
– D’où êtes-vous originaire (ou quelle ville habitiez-vous avant de partir) ?
De… Stockholm, c’est là que nous vivons depuis 8 ans. Mais il n’y a qu’Anatole qui est un véritable Viking, né en Suède ! D’origine, nous sommes bourguignons, la terre du bon vin. C’est là que nos parents habitent et c’est notre base arrière lorsque nous revenons en France.
– Quand êtes-vous revenus ?
D’abord en France, il y a un peu plus d’un mois, le 13 juillet. Et chez nous, à Stockholm, le 13 août.
– Comment avez-vous voyagé (mode de transport, hébergement …) ?
Nous avons à peu près emprunté tous les moyens de locomotion possibles et imaginables ! L’avion d’un pays à l’autre, et sur place, le bus, le train (bullet-train ou tortillard), le ferry, un nombre invraisemblable de triporteurs portant tous des noms différents, le camping-car, la voiture… Et nos pieds aussi !
Nous avions chacun un sac-à-dos et avons dormi en guest-house, hôtel, auberge de jeunesse. Parfois, nous louions un appart’ quand nous voulions nous poser plus quelques jours, histoire d’avoir un vrai chez-nous pour nous étaler et… faire des lessives !
Nos sites préférés, Tripadvisor, Booking et AirBnb. Pour tous, un seul conseil, ne pas hésiter à contacter directement les hébergements pour négocier les prix affichés.
– Peux tu m’indiquer les adresses des différents moyens de communications que vous utilisez (facebook, blog, youtube…) ?
Notre blog pour raconter nos péripéties : www.lesechappesdubocal.com
Pour échanger nos bons plans, les groupes Facebook : Voyager en famille, Voyages sac-à-dos… « backpackers », Voyageurs des 4 coins du monde…
– Dans les grandes lignes, quel a été votre itinéraire ? Quels endroits avez-vous le plus aimé et le moins aimé ?
Notre voyage comportait 15 étapes : Costa Rica, Equateur, Pérou, Bolivie, Ile de Pâques, Polynésie (iles de la Société), Nouvelle Calédonie, Nouvelle Zélande, Australie, Philippines, Japon, Laos, Cambodge, Chine et Sri Lanka.
Nous en avons pris plein les yeux, nous nous sommes régalés partout où nous sommes passés. Si tu demandes à chacun d’entre nous ce qu’il a préféré, tu auras un aperçu de nos coups de cœur : Anatole a kiffé les Moaï de Rapa Nui, Lucie s’est convertie à la culture nippone au point de maintenant dormir sur un futon, Fabrice se verrait bien vivre à Sydney et moi j’ouvre demain ma guest-house aux îles de la Société !
Nos 4 jours sur l’île de Pâques ont été, je crois, le moment le plus fort du voyage. L’effet magnétique de l’île, sûrement ! Nous retrouver sur cette terre mythique au bout du monde relevait du rêve, un rêve qui s’exauçait ! Rapa Nui restera dans notre mémoire familiale comme un petit trésor que nous partageons et chérissons entre nous.
Le moment un peu moins cool de notre voyage, nous l’avons vécu après les 3 premiers mois de voyage, à la fin de notre périple en Amérique du sud. Le soroche bolivien nous a joué des tours, nous étions fatigués et rompus par le froid et l’altitude. Je crois que nous rêvions déjà du Pacifique et des mers du sud…
De manière plus générale, nous n’avons jamais été déçus par les lieux emblématiques de nos destinations… le Machu Picchu, Aréquipa, le salar d’Uyuni, l’opéra de Sydney, la grande muraille de Chine, les cerisiers en fleurs du Japon, les îles paradisiaques de Polynésie, la ville sacrée de Luang Prabang, les temples d’Angkor, le triangle culturel du Sri Lanka, les innombrables volcans, les parcs et réserves naturelles, tous les animaux sauvages… Que de merveilles sur cette planète !
– Comment vous êtes vous organisé pour l’école ?
L’idée de base : suivre une routine et travailler quelques heures tous les matins. Bon, ça, c’est la théorie ! Ca demande une discipline de fer et n’oublions pas que la motivation se fait assez vite la malle quand, comme à Moorea, on se lève le nez sur la plage, les pieds dans l’eau ! Heureusement nos enfants aiment apprendre, ils n’ont jamais vraiment rechigné. En fin de voyage, on a rattrapé le « retard » cumulé. Tout le monde est passé dans la classe supérieure.
Papa portait les 5 kilos de cours du CNED pour Lucie (CM1) et faisait la classe. Lucie a essayé de travailler en ligne, avec les livres en pdf, mais très vite, élève et prof ont ressenti le besoin d’utiliser les supports papier (tourner les pages, revenir à la leçon d’avant, pouvoir souligner des phrases clefs, etc…). C’est possible sans, mais c’est mieux avec et tant pis pour le dos de Papa !
Maman a géré les chansons et comptines, les activités manuelles et les petites leçons d’Anatole (Grande section), avec l’aide de cahiers de vacances et de sites de bricolage en ligne. Niveau créativité avec des rouleaux de papier toilette, on est au top !
– Comment envisagez-vous « l’après » retour ?
C’est assez flou ! Contrairement à certains, nous n’avons rien prévu, rien organisé. Pour moi, c’est difficile de planifier un retour. C’est comme si tu partais sans envisager un instant que le voyage puisse te changer…
Nous avons fait la promesse aux enfants que nous rentrerions à Stockholm après le voyage. Autant ils étaient ravis de partir au bout du monde, autant ils étaient enchantés de rentrer, de retrouver leur chambre, leurs jouets, leurs copains et l’école. Durant le voyage, ils éprouvaient le besoin viscéral de savoir que leur vie redeviendrait « comme avant ». Le quotidien est un véritable aimant normatif à cet âge.
Actuellement, nous réfléchissons à une nouvelle expatriation. Nous n’avons jamais pensé nous installer définitivement en Suède, et nous ressentons le besoin de bouger pour ne pas nous encroûter.
Et puis… Et puis, dans nos rêves les plus fous, nous reprenons la route ! Nous avons déjà une liste de destinations longue comme le bras pour notre prochain tour du monde !
– Quelles étaient vos attentes avant de partir ? Ont-elles été comblées ?
Ce voyage était un projet de longue haleine. Nous voulions découvrir le monde à 4 et le montrer à nos enfants, déjà sensibilisés par notre vie en expatriation aux différences culturelles. La Suède reste cependant un pays européen avec des codes semblables aux nôtres, nous voulions qu’ils prennent conscience de la diversité des paysages et des cultures, ainsi que des inégalités de niveaux de vie, d’éducation, de développement… Qu’ils réalisent que le monde est pluriel !
Nous voulions leur montrer qu’il est possible de réaliser ses rêves, de suivre ses envies les plus profondes. J’espère qu’ils pourront l’appliquer eux aussi dans leur vie d’adulte.
Nous avions aussi en tête de partir à la découverte des autres. Naïvement, nous croyions que nous rencontrerions beaucoup d’autochtones. Mais nous avons surtout rencontré d’autres voyageurs, ce qui est finalement assez logique. Quand on prend la route, on se met en marge de la société, on évolue dans un univers un peu à part. Ces échanges avec les routards ont tous été d’une richesse incroyable. Et nous avons été étonnés de croiser autant de familles. Beaucoup d’entre elles sont devenues des amis. Un voyage autour du monde avec des enfants, c’est quand même une idée un peu cinglée, alors quand on croise des gens aussi fous que nous, le courant passe en général très bien ! Depuis qu’on est rentrés, on prend des nouvelles régulièrement, on parle de se revoir, on projette des retrouvailles.
– Comment les enfants ont vécu ce grand voyage ?
Nous avons des enfants formidables (si, si !) qui ont très bien vécu le voyage. Ils ont géré la promiscuité, le fait d’être tout le temps ensemble, de devoir partager très (trop ?) souvent leur lit à deux, de jouer avec leurs mini-jeux (tous les jeux qu’ils pouvaient emmener avec eux devaient tenir dans une main !), de nous voir porter les casquettes de parent, prof, copain, docteur, nounou, et de nous supporter 24 heures sur 24 sans broncher ! On a eu parfois droit à un petit soupir accompagné de « mes copains me manquent », mais vraiment rien d’ingérable.
Ils nous ont énormément apporté durant ce voyage. Grâce à eux, nous avons vu le monde à travers leurs yeux, nous avons appris à nous poser et à ralentir le rythme, nous avons créé des contacts beaucoup plus facilement, et nous avons aussi été plus terre à terre dans nos choix de pays ou d’activités… Leur rôle dans le voyage n’est pas négligeable et nous a permis de vivre beaucoup de moments très intenses.
Et surtout, à vivre au quotidien avec eux, nous les avons vus grandir et s’émanciper. Devenir moins réservés, plus autonomes, plus audacieux. Prendre leurs aises dans cette vie nomade, apprécier la route pour ce qu’elle est, une formidable école de la vie. C’est notre plus belle récompense.
– La question qui tue : Comment avez-vous vécu le retour ?
Renouer avec la routine s’avère un passage délicat dans l’après voyage. Les enfants, eux, sont heu-reux. C’est affolant la vitesse à laquelle tout a repris sa place dans leur vie. Alors nous essayons de prendre exemple sur eux car cela ne sert à rien de se lamenter sur notre sort. Mais indéniablement, pour les adultes, c’est plus compliqué.
Pour Fabrice, le retour au boulot fut immédiat (2 jours après notre retour à Stockholm). Il a eu le blues au moment de reprendre ses fonctions après une année sabbatique. Aujourd’hui, il se pose pas mal de questions, il n’a pas de motivation, pas de challenge en vue. «Je ne suis pas fait pour passer ma vie devant un ordi ! » m’a-t-il dit un soir… lui qui est Web designer !
Cette phase-là, je l’ai vécue au Sri Lanka, notre dernière étape, juste avant notre retour. Je n’en menais pas large, j’ai beaucoup pleuré. Le blues, le vrai ! Je ne voyais aucune raison valable de revenir en Europe, ma vie de baroudeuse me plaisait telle quelle, rien ne me manquait et comme j’ai démissionné pour partir, je n’avais même pas l’obligation morale de rentrer ! Etre aujourd’hui sans emploi signifie donc que je peux me recentrer sur mes envies, envisager un changement de carrière et revenir à mes premières amours, l’écriture. Ecrire le blog pendant le voyage m’a conforté dans mon idée que c’est ce que je veux faire ! Pour l’instant, j’ai encore le Sri Lanka à ajouter sur le blog, écrire mon ressenti sur la fin du voyage, finaliser les rubriques de conseils pratiques, le rendre plus lisible et attrayant… J’ai encore du pain sur la planche !
Le retour est un état d’équilibre précaire. Les choses bougent, cette fois-ci pas autour de nous, mais insidieusement, en nous. Il faut s’adapter, à soi-même et aux autres, en permanence… Nous nous attendions bien sûr à ce que le retour soit accompagné d’une grande remise en question, mais peut-être pas aussi personnelle et minutieuse. En même temps, réfléchir à son avenir, se projeter dans d’autres possibles, c’est une belle façon de se sentir vivants !
Nous avons vécu une année hors du commun. Bien sûr nous sommes revenus avec plein de souvenirs, mais nous avons aussi développé une philosophie de vie caractérisée par des principes que l’on cultive en voyage : la mobilité, la curiosité et l’insatiabilité. Nous avons vécu « éveillés ». Et le voyage continue tant qu’on garde en soi la flamme, l’envie de rencontrer du monde, de voir du paysage, tant qu’on vit avec les yeux, les bras et le cœur grands ouverts, en baroudeurs du quotidien.
1 commentaire
Venant de rentrer d un tour du monde d un an, ca fait du bien de lire que je ne suis pas le seul a me poser des questions ;-). Merci pour ce tres beau reportage!