Je ne sais pas vous, mais quand je voyage, j’ai tendance à essayer de me rappeler ce que j’ai appris à l’école. Je fais appel à mes souvenirs, mes « acquis » de collège (il y a 30 ans) et de lycée (20 ans – et oui, c’est qu’on n’est plus tout jeune !). Et je suis toujours surprise de constater que ce que je pensais être un savoir immuable, le sacro-saint apprentissage qu’on m’a rabâché pendant mes années scolaires, que j’ai appris parfois avec grand plaisir et à d’autres moments que j’ai bachoté avec un ennui incommensurable, ce savoir avait eu la fâcheuse tendance à diviser le monde en deux : les pays « développés » comparé aux pays du « tiers-monde », les « riches » contre les « pauvres », les « occidentaux » versus les pays en voie de développement. Cette distinction, ce fossé entre deux mondes n’a plus la même signification aujourd’hui. Chaque pays évolue constamment, dans un mouvement non figé, rien n’est tout noir ou tout blanc, et le gris se nuance différemment selon les années. Le tiers-monde se tient droit, bien vivant devant nous, les pays émergents ont émergé, d’autres se dégradent parce qu’ils vieillissent et ne croient plus au progrès.
Le voyage a cela d’extraordinaire qu’il illustre mieux qu’un livre de géographie la mutation du monde en marche.