Accueil DestinationsAmériquesEquateur Carnet de voyage Equateur (2ème partie)

Carnet de voyage Equateur (2ème partie)

par Anne
Equateur

(24 août au 2 septembre 2015)

Cuenca – L’Européenne

Nous passons 5 jours à Cuenca, Santa Ana de los Cuatro Ríos de Cuenca de son vrai nom, dans la sierra – la montagne (nous nous trouvons à 2500 m). Nous sommes surpris par les températures frileuses qui nous accompagneront le long de notre étape.

Troisième ville de l’Equateur, avec 500 000 habitants, Cuenca a un charme fou. On la sent pleine de vie, hérité d’un long passé historique, d’abord canari (peuple amérindien fondateur de la ville), puis inca, enfin colonial lorsqu’elle fut conquise par les espagnols. On déambule, séduit, dans le centre, autour de la place Calderon et des deux cathédrales, l’ancienne devenue trop petite, aujourd’hui musée d’art religieux et la nouvelle, celle de l’immaculée conception, remarquable par ses coupoles couvertes de tuiles vernies bleu azur en provenance de Tchécoslovaquie et ses deux tours tronquées, l’architecte s’étant légèrement emmêlé les pinceaux dans ses calculs savants. Les rues coloniales se croisent de manière rectiligne et il est facile de s’y retrouver, l’autre point de repère étant le Tomebamba, jolie rivière qui coule paisiblement à ses pieds. Au gré de nos pérégrinations, les façades plus ou moins rénovées s’offrent à notre regard. Européenne par son allure, ses manières, citadine, les Cuencanos ont définitivement délaissé semble t-il les tenues traditionnelles. Elle est mangée par une circulation dense, fumée noire crachée par les bus de ville, loin de toute pensée écolo. Elle mélange les styles, des centres commerciaux modernes aux multiples bazars qui vendent tout et n’importe quoi, les maraîchers qui proposent leur fruits dans une brouette sur le trottoir, les marchés couverts aux étals débordant de fruits et de couleurs, où on peut se régaler pour moins de 5 dollars, à quatre, jus de fruits frais compris, le marché aux fleurs à l’abri sur sa placette, la plaza del Carmen, la vue panoramique de Turi pour admirer ses toits de tuiles et les montagnes qui l’abritent, le marché artisanal de la place San Francisco, les maisons accrochées au dessus de la rivière, les escaliers qui attaquent les pentes menant au cœur de la ville, on ne se lasse pas de se promener en marchant durant des kilomètres, même si on aurait préféré plus de soleil pour que la lumière concède à la ville encore plus de caractère et d’élégance. Malgré tout, nous apprécions cette pause urbaine à taille humaine dans ce pays de montagne.

Nous approfondissons nos connaissances avec le musée Pumapungo, captivant pour sa mine d’information sur les différentes communautés qui peuplent l’Equateur et leur répartition géographique, les Kichwa bien sûr, mais aussi les Awa, les Zapara, les Huaorani,… La visite est ludique mais aussi très impressionnante par l’exposition de 5 tsantzas , ces têtes humaines réduites, trophées très impressionnant des indiens Shuar. Pour le côté artisanal, nous nous rendons au musée Homero Ortega où nous apprenons comment la paille toquilla des Montecristi ou autrement dit des panamas est tissée comme une véritable étoffe, un chapeau pouvant prendre jusqu’à 6 mois de confection.  Autre point non négligeable de notre séjour à Cuenca, le nombre de pâtisseries absolument délicieuses ! On y trouve des meringues (suspiro) et palmiers (orejas) parmi autres gâteaux coco ou sablés à la mûre qui feront les délices de nos pauses goûters.

Après cinq jours, nous quittons Cuenca pour faire escale à Guayaquil, où la chaleur nous rattrape. Sur la route pour Puerto Lopez, nous admirons de notre fenêtre de bus le parc national las Cajas qui offre un paysage quasi lunaire. Nous apercevons dans une brume ondulante une végétation rase où broutent quelques lamas, des lacs et des pics rocheux perçant les nuages. Tout est mangé par le brouillard, les couleurs estompées en brun et gris, tourmentées. Nous atteignons la crête et redescendons par une route en lacets jusqu’à la plaine. A mi-chemin, le spectacle enchanté des nuages qui se forment dans le creux de la montagne, virevoltant en un mouvement ascendant jusqu’à notre hauteur, alors que nous sommes éblouis de soleil. La plaine s’étend en contrebas, salvatrice. Il nous reste deux heures de trajet jusqu’à Guayaquil où nous passons la nuit avant de finir la route pour Puerto Lopez, sur la côte pacifique.

Puerto Lopez – la débonnaire

Depuis Guayaquil, 4 heures de route (3 heures annoncées) dans un bus branlant et hors d’âge, c’est long, ça n’en finit pas. D’abord en plaine, et juste sur la fin, encore des montagnes, je n’en peux plus ! Arrivera, arrivera pas… Je veux du plat, du niveau de la mer, de l’horizon dégagé… Mais ca y est, le bout de la route est là et nous descendons du bus  dans un terminal flambant neuf. De là c’est en tuc-tuc que nous rejoignons l’hostal Monte Libano, en bord de mer.

En voilà un, de bout du monde, qui me va droit au cœur. Le sable est omniprésent, même si le bord de mer est en voie « de modernisation » (ça bétonnait ferme quand nous y étions).  La mer lèche le bourg, au gré des marées qui laisse apparaître quelques rochers noirs couverts d’algues moussues, d’oursins et d’étoiles de mer. Le Malecon (le front de mer) est une enfilade de façades de bambou, de brique ou d’adobe peint, tout est un peu de travers, gueule cassée. Ginguettes sans prétention, nappe cirée et chaises en plastique et restaurants de spécialités de la mer, serviette en tissu et lourde table en bois font face à l’océan en enfilade. La jetée court dans la mer au pied des bateaux de pêche blanc et bleu qui dansent paisiblement amarrés dans la minuscule baie. Les pélicans et les frégates superbes peuplent le ciel, leur vol accordé au tempo donné par l’arrivée de la pêche, leurs grandes ailes déployées pour venir chercher leur pitance. Spectacle hyptonisant, le même jour après jour, la mer, les bateaux, les oiseaux.

Un coup de cœur aussi pour notre halte, le Monte Libano, un guesthouse tout simple, des serviables et de bon conseil, un petit déjeuner au nombre de crêpes exponentielles… Nous avons la chambre familiale, à l’étage, face à la mer, et nous nous endormons, bercés par le bruit des vagues. Un peu en retrait du village, nous ne souffrirons pas trop le samedi soir de la musique, volume poussé à fond et des fêtards rigolards…

Le temps est mitigé à notre arrivée, il fait gris et pas trop chaud, mais nous apprenons que c’est le temps normal de la saison des baleines, alors… De toute manière, les enfants s’éclatent quel que soit la météo, pour eux la mer est toujours un immense terrain de jeu. Nous aurons de la chance car durant notre séjour, nous verrons plutôt plus souvent le soleil qu’à l’habitude…

Et puis à Puerto Lopez, nous faisons une orgie de poissons, crevettes et langoustines, à la plancha, en soupe, à l’ail, panés, grillés…  Nous soignons nos papilles avec délectation. Plus frais que ca, il n’y a pas !

Isla de la Plata – les Galapagos du pauvre (c’est qu’on est des routards, nous !)

Nous partons en excursion sur l’isla de la plata, L’île d’argent, à une heure de bateau de la côte. Elle doit son nom à un trésor pirate que Francis Drake aurait abandonné et caché là ou …. au caca d’oiseau qui lui donnerait des reflets argentés…. Dix minutes après avoir quitté le port, pour la plus grande joie de Fabrice, nous voyons une famille de baleines à bosse, trois beaux spécimens et cette fois-ci, nous les verrons même sauter hors de l’eau, l’émoi est alors à son comble sur le bateau !
Pour dire vrai, c’est fascinant, ces mastodontes qui évoluent paisiblement autour de nous. Nous apprenons que la baleine adulte mesure environ 16 mètres et qu’un baleineau mesure deux mètres à la naissance et prend l’équivalent de 15 kilos par jour les premiers jours de sa vie. Une bouchée d’Anatole en somme, ça remet les choses en perspective ! Et pour clôturer la séquence « animaux marins » de la journée, à l’arrivée sur l’île, ce sont quatre tortues vertes qui viennent nous accueillir. Elles doivent mesurer 50 à 60 cm et nagent joyeusement autour du bateau.

Nous partons nous balader sur ce caillou pelé, à la végétation tropicale sèche (en cette saison, les feuilles sont quasiment toutes tombées pour permettre aux arbustes de mieux résister à la chaleur), pour aller à la rencontre des fous à pied bleu qui vivent tranquillement sur l’île, à l’abri des prédateurs. Le temps est absolument exécrable, un espèce de crachin pire que normand nous dégouline dessus et la boue qui colle nous fait des semelles de plomb. Mais encore une fois, la nature aime jouer, et là c’est avec ces drôles d’oiseaux qu’elle nous surprend. (cf blogounet, post de Lucie). Nous pouvons également étudier de près une colonie de frégates superbes qui nichent là. J’adore ce nom, « frégate superbe », il donne le ton pour qualifier ces oiseaux dont l’envergure peut atteindre deux mètres, facilement reconnaissables par leur vol interminable, leur silhouette anguleuse et leur queue en fourche.

Nous reprenons le bateau pour une petite partie de snorkeling, excessivement courte. Il pleuviote, le ciel est absolument sans espoir, la luminosité totalement nulle, ce qui rend tous les poissons gris, l’eau est froide et pleine de petites méduses urticantes qui gâchent totalement le plaisir de nos chers petits, on n’insiste pas.  Sur le chemin du retour, de nouveau, nous croisons une famille Baleine… De nouveau, on s’émeut, captivés.

Agua Blanca – les Eaux blanches de Puerto Lopez

Le lendemain, nous faisons un tour dans la communauté d’Agua Blanca, qui est installée juste derrière Puerto Lopez dans le parc national Machalilla, environnement aride, le sable domine, la rivière est à sec. De janvier à mai, notre guide nous informe que tout est vert et que l’eau de la rivière atteint un mètre cinquante, aussi difficile à imaginer qu’un lac gelé de Suède où on peut se baigner en été… Visite du musée puis du village, mais le principal attrait du coin, c’est la piscine naturelle d’eau sulfureuse qui nous attend, sorte de petit oasis ombragé, à quelques centaines de mètres du village. Nous y prenons un bain de boue familial, on rigole bien en voyant la tête de nos enfants couverts de boue !

Fin d’après-midi sur la plage du Monte Libano.  En bonus les chiens errants, les familles qui se prélassent après une journée de travail, le soleil qui disparait derrière les nuages, la mer qui monte et descend, quelques oiseaux au loin, des crabes qui courent, Lucie et Anatole qui jouent… Nous avons vraiment du mal à nous arracher à Puerto Lopez, d’autant plus que la ville se met en valeur sous un bon gros soleil, à renoncer à cette plénitude, à tel point qu’on part avec la clef de la chambre ! S’il fallait un signe…

On laisse donc une chambre d’hôtel grande ouverte, un hôtel aux portes bleues grand ouvertes sur la mer, une famille super sympa aux petits soins pour ses clients, une mamie Jaqueline coup de cœur d’Anatole, son mari et son fils Pierre qui nous donne de bons conseils pour le Pérou et la Bolivie, un maillot de bain taille 5 ans qui s’est enfui en pleine mer pour habiller un poisson pudique, et une jolie petite ville qui ne demande qu’à s’agrandir, en espérant qu’elle le fasse en bonne intelligence, à l’ombre des ailes déployées des frégates superbes.

Nous repartons sur Guayaquil pour prendre notre vol, direction Lima, Pérou.

40 jours et des poussières de voyage. Le temps nous file entre les doigts. Déjà la troisième étape de notre voyage pointe son nez. L’Equateur nous a énormément plu, autant par la richesse des activités que par la variété incroyable des paysages et des ambiances, par la nonchalance très avenante des équatoriens, leur traditions encore bien vivantes et la facilité de voyager dans ce petit pays. Un seul regret : nous n’aurons pas vu un seul volcan de tout notre périple (enfin, si, on a vu leurs pieds, on a deviné leur silhouette, on a aperçu un flanc, une pente, une courbe… mais de volcan entier, bien visible, que nenni !), un comble !

Côté famille, toujours pas de vague à l’âme, d’envie de retour, de rebrousser chemin ou de stopper tout net l’aventure. Pas de malades, pas d’accidentés, pas trop de plaintes (là, on ne compte pas les « chu fatigué » ou « j’ai mal aux pieds »). Pas de dispute ni de conflit majeur au sujet de qui prendra le meilleur lit ou le plus grand chapeau de paille, pas d’envie de jeter un enfant (ou un parent !) par-dessus bord lors des excursions en bateau. Tout se passe vraiment bien, on a pris notre rythme de croisière, mis à part l’école qu’on a encore un peu de mal à assurer tous les jours. Alors, on va poursuivre notre route parce qu’on est bien, là, à passer du temps ensemble, à rigoler, à voir pousser nos petits, sac au dos et cheveux dans le vent, à profiter des beautés de ce monde. Alors, si vous en doutiez encore, non, nous ne sommes pas prêts de rentrer!



VOUS AVEZ AIMÉ ? PARTAGEZ !

D'autres articles sur le même thème

Un commentaire ou un avis ? C'est ici